LaboMobile n°3
laboratoire proposé par Arnaud Chevalier, artiste et technicien
◆ Le savoir-faire
{novembre 2919 au CUBE à Hérisson / décembre 2020 au Studio-Théâtre}
Le LaboMobile est un espace d'expérimentation nomade, une zone temporaire consacrée à la recherche et au croisement de différentes disciplines des arts dans des lieux dédiés à la création. Réunie autour d'un sujet commun, une équipe éphémère de dix personnes se met à l’œuvre pour explorer des approches, des théories et des dispositifs sans la contrainte d'une production. L'équipe qui s'y forme est un équilibre issu de toutes les pratiques qui collaborent aux arts vivants, plastiques, numériques... Technicien.nes ou artistes, concepteurs.trices, créateur.trice.s ou chercheur.e.s sont invité.e.s à joindre leurs expériences dans une transversalité qui conduit chacun avec ses outils à rechercher ensemble.
Au CUBE à Hérisson et au Studio-Théâtre, le LaboMobile n°3 se penche sur la thématique du savoir-faire.
Le savoir-faire est une notion formée de deux mots qui, pris séparément, désignent une grande partie de l'activité humaine produite par le travail. Ses manifestations s'expriment dans nombre de métiers, si bien qu'on pourrait dire qu’elle se glisse dans toutes les pratiques dès lors qu’on s’y exerce. Pour essayer de la saisir, il est intéressant de commencer par jouer avec tout ce qu'on peut y entendre, comme autant de terrains d'expérimentations possibles.
Déclinaison :
-Savoir comment faire. Le savoir peut être pris comme un ensemble de connaissances à s’approprier et à mettre en œuvre. Chez les artisans, il se traduit en une chaîne de transmissions qui relie le maître à l’apprenti dans une sorte de généalogie. Leur exemple nous apprend qu'à l'origine du savoir il y a la relation et que c'est en passant entre les mains des différentes générations qu'il se maintient en vie et en mouvement.
-Savoir y faire. Faisant référence à ce que l'on appelle communément «le coup de main» (ou « le tour de main ») il s'agit de la manière dont la connaissance s'acquiert dans la pratique et s'enrichit grâce à l’entraînement. Faire pour savoir donc, par la répétition qui l'imprime dans son interprète. Une répétition tendue vers la recherche, dans une quête perpétuelle de maîtrise et de perfectionnement.
-S'avoir-faire. Ou dit autrement : je suis ce que je fais / ce que j’ai fait me définit / mon savoir est un empilement d’expériences intimes. Se faire en faisant donc et développer des relations particulières avec des matières, des approches, des outils. C’est dans cet espace que s’exprime le style ou la patte de chacun, rendant un travail unique, car teinté d'une sensibilité personnelle.
-Savoir ce que l'on fait. Comme une invitation à penser le sens et la valeur du travail. Savoir ce que l'on fait, pour lutter contre l'abstraction qui tend à concentrer les cognitions dans les mains d'une élite managériale, au prétexte d'une organisation plus scientifique du travail, ou contre sa fragmentation en des centaines de tâches, déconnectées de finalité, de sens et de sensibilité.
Chercher ce qu’est le savoir-faire, c’est mettre l'inventivité humaine sur l’établi. C’est méditer le sens de nos pratiques, la valeur de notre travail. C’est penser l’exercice de notre relation au monde comme patrimoine et matrimoine à transmettre.