Chloé Déchery, artiste de performance, théoricienne et chercheuse-enseignante en arts du spectacle
◆ Première (des expériences)
{septembre 2019 / juillet 2020}
Prenez une femme aujourd’hui.
Une femme artiste d’aujourd’hui.
Une femme artiste ambitieuse de notre temps.
Une femme dont le travail ne sera jamais montré, publié, exhibé, commenté.
Une femme dont le travail restera caché aux yeux de tous.
On pourra dire :
Elle rate sa carrière d’artiste de façon définitive.
Elle mène à bout un parcours intègre et exemplaire.
Comment comprendre l’expression « réussir sa vie » dès lors que l’on s’engage dans une vie de création ? Vous êtes-vous jamais demandé ce que pourrait signifier « rater sa vie bien comme il faut » ?
Que vaut une vie ? Que vaut une vie de femme qui crée hier et aujourd’hui ?
Pour découvrir le récit du processus de recherche de Première par Chloé Déchery Résidence de recherche / Les Cahiers du Studio*
Avec "Première", Chloé Déchery s’attelle à un projet de recherche-création mettant en jeu le récit de vie, la performance autobiographique et une histoire anti-patrimoniale de la création. À partir d’un travail de repérage, de collecte d’entretiens et de récits de vie d’artistes femmes du XXème et XXIème siècles, elle propose d’explorer la construction de l’identité professionnelle en art et la constitution d’une carrière dans le champ du spectacle vivant et de l’art contemporain.
L’une de premières hypothèses de travail postule la puissance émancipatrice et ludique de l’invention de soi à travers les figures de l’alter ego et de l’avatar, à l’instar de ce que ce qui a pu être déjà exploré, en littérature, par Siri Hustvedt dans The Blazing World, ou, en théorie, chez Jean-Yves Jouannais dans Artistes sans oeuvres, I would prefer not to, par exemple, tout comme chez des artistes conceptuels contemporains qui ont pu emprunter à Duchamp et ses multiples persona, masculines et feminines, un certain goût pour le travestissement et la mascarade (au sens butlerien).
Pour ce projet, Chloé Déchery souhaite développer un travail de recherche scénique qui incorpore des éléments empruntés à d’autres champs artistiques et scientifiques - conférence savante, partition, entretien télévisé, installation plastique - pour interroger, sur les modes du dépliement et du déploiement, ce qu’une parole prononcée par une artiste femme, sur un plateau, c’est-à-dire une parole publique qui mobilise des imaginaires, décline des identités et tente de se déjouer des assignations, peut engager de soi – et ainsi, remettre en jeu, de façon partagée, avec humour, avec irrévérence, les questions de l’ambition féminine, de la créativité et de la mise en danger de soi.
Elle est accompagnée de Charlotte Couturier, artiste scénique et vocale , professeuse d’expression orale, Raphaëlle Doyon, Chercheuse associée au LabExCAP, Création, Arts et Patrimoines (direction : Philippe Dagen), et au CRAL, Centre de Recherches sur les Arts et le Langage, EHESS-CNRS, UMR 8566 (direction : Esteban Buch), et de Deborah Pearson, auteure et metteure en scène et chercheuse en dramaturgie.