studio-théâtre
vitry


OCTOBRE 2016, dirigé par BÉRANGÈRE VANTUSSO

Depuis plusieurs années je mène un travail de mise en scène qui réunit acteurs et marionnettes pour monter des textes écrits pour le théâtre. Cette relation entre acteurs et marionnettes me semble inépuisable et chaque nouveau texte la remet en jeu et l'élargit.
Ce stage s'adresse à tous ceux qui souhaitent découvrir la multiplicité de ces liens. C'est un langage théâtral singulier que je vous invite à appréhender à travers des ateliers simples. Vous pourrez comprendre quelques principes d'animation et entrevoir comment la marionnette peut nourrir l'acteur en ouvrant un champ d'interprétation inédit que l'on pourrait situer à mi-distance entre l'incarnation et la distanciation. Nous n'aborderons pas la construction et travaillerons principalement avec ce que je considère comme « la première marionnette », à savoir la main nue. Cadre, dissociation, focus, séquençage, délégation serons nos maîtres-mots mais c'est avant tout la question du Sens qui nous guidera dans la découverte de la marionnette : le sens que ça a, le sens que ça prend, le sens que ça ouvre de travailler avec elle.
Bérangère Vantusso

DECEMBRE 2015, dirigé par DANIEL LARRIEU

Autour des poèmes de Pierre Debauche
Les sensations insolentes – Éditions Le bruit des autres.
on quitte la scène la loge le théâtre
on rentre à la maison
dans sa veille usuelle
chez soi dans son sommeil paradoxal
dans cette maison d’un acteur
mille langages au repos
composent le silence
W - Le langage comme demeure, page 99 - Pierre Debauche

Ce qui fait le commun de l’acteur et du danseur, c’est le travail qu’ils doivent réaliser pour donner corps, tenter de faire apparaître un espace imprévisible entre le geste et/ou la parole. Toutes sortes de règles s’imposent : postures, jeux, au service d’un texte ou d’un geste. Prenons une excuse formelle, des poèmes. Nous organiser pour inventer de nouvelles stratégies, imaginer des gestuelles décalées, loin de l’évidence des mots, un désajustement du récit, une prise de déséquilibre, qui risque de nous demander de la patience et du travail. Nous sortirons des sentiers des habitudes, peut-être pour rien ! Je ne peux vous promettre qu’une plongée dans un travail corporel précis et ludique, du geste aux mots en aller-retour. Travail du corps global, apprentissage d’un poème, construction d’une chorégraphie fabriquée par chacun. Il ne s’agira pas de "jouer" le poème, ni de devenir des sylphides inspirées par un croissant de lune passager, mais de trouver d’autres manières de chanter la langue. C’est par le travail et sa répétition, parole geste, que ce qui semblait au départ impossible dans la coordination le devient.
Inventer du nouveau, non ! Convoquer une forme de retour dadaïste, oui, avec quelques grains de folies ! On pourrait dire pour en finir avec les nuits trop longues. Travailler au sens de se mettre à l’œuvre, de faire ouvrage, pleinement. Travail au sol, alignement, outils de compositions, écriture d’une danse à partir d’un poème, ajustement dans l’espace, polyphonie et langage, mise en commun par groupe, élaboration, échange.

SEPTEMBRE 2015 - DECEMBRE 2015 dirigé par LUCIEN MARCHAL

Ce stage exige – aimablement – un effort préalable d'apprentissage d'un ou plusieurs textes, selon les désirs et appétits. En effet il s'appuie sur des textes de théâtre : Shakespeare, Molière, Racine, Goldoni, Marivaux, Beaumarchais, Büchner, Tchekhov, Strindberg, Feydeau, Proust, Brecht, Céline, Tennessee Williams, Beckett, Genet, Sarah Kane.... Ceux-ci sont proposés et strictement déterminés à l'avance. Les séances seront précédées de la mise à disposition de l'ensemble de ces fragments de théâtre à tous. Il s'agit de textes courts, n'exigeant pas un effort de mémorisation trop lourd. Le travail se développera depuis les textes les plus anciens vers les plus récents. Chaque promenade sera délimitée par l'espace qu'offrent les textes. Une séance pourra être consacrée à un texte unique ou plusieurs textes…
Lucien Marchal

OCTOBRE 2014 - JANVIER 2015 dirigé par MICHEL CERDA

Le cycle d’approfondissement des Ateliers Libres, dirigé par Michel Cerda, a connu dès la première séance le 9 octobre dernier une affluence exceptionnelle. Pour alléger ces ateliers et permettre à un plus grand nombre de personnes de participer à ce travail, nous avons décidé de vous proposer, parallèlement aux Ateliers Libres, un stage en cinq séances, également dirigé par Michel Cerda.
Ces séances seront consacrées au jeu de l’acteur et à l’improvisation
Elles ne s’appuieront sur aucun texte

Elles interrogeront
« L’être là »
Et le temps et l’espace comme partenaires de jeu
Elles préciseront les questions d’adresses
Et les formes de récits
Elles nous inviteront à
Être dans l’espace où les choses commencent
Avant le langage
À jouer sans intention et à trouver le plaisir d’être conduit par le présent
Elles exigeront
D’être un acteur tranquille qui garde le cap
Et qui accepte de mettre du temps dans son travail
En prenant congé de lui-même
Pour cela
Quelques règles seront nécessaires
Parfois il faudra être accompagné d’un masque qui souligne et qui expose

Michel Cerda

JUIN 2014 dirigé par LAURENCE MAYOR

autour de quelques extraits de L’ENFER de Dante

Un violoniste a son violon, et l’acteur ? Il est lui-même son instrument… Il s’agit pour lui autant de « jouer » que « d’être ». Cet instrument, le connaît-on ? Par exemple : qu’est-ce que la « présence » ? La « présence » au théâtre est un mot tout puissant, un mot qui tombe comme un couperet : il y a ceux qui en ont et les autres. On n’en parle pas, c’est un sujet tabou comme l’injustice d’avoir un gros nez ou un bras en moins. Il nous semble au contraire que la « présence » est quelque chose d’universel, qui demande à être approfondi et non pas « subi », car ce qu’elle a à dire est un trésor pour l’acteur. Ce stage propose une descente dans les strates d’une réalité avec laquelle on n’a pas l’habitude de vivre. Entrer en contact avec elles, c’est s’enraciner dans du plus vaste, du plus autonome, du plus imprévisible…

Les matins, il sera proposé toutes sortes de prises de conscience sous forme d’improvisations très cadrées, dont voici quelques thèmes : l’espace, qu’est-ce que c’est ? En quoi me concerne-t-il ? L’acteur est-il créateur d’espace ? Où s’arrête l’intérieur et où commence l’extérieur ? L’axe de gravité traverse la verticale du corps humain, quelles en sont les conséquences ? Et le temps… C’est quoi une action ? Par exemple « être assis », « se taire », est-ce une action ? L’espace est-il vivant ? Peut-on sortir de l’idée des choses pour entrer dans l’inconscient des choses ? Jean Genet parle de « la nostalgie d’une civilisation qui tâcherait de s’aventurer ailleurs que dans le mensurable ». Il dit encore : « Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde ». Voilà une question que se propose d’approfondir le travail du matin : l’axe de gravité est-il cette blessure, origine de la beauté ?

Les après-midi, se diviseront en deux ateliers successifs : l’un où il sera proposé d’intégrer les prises de conscience du matin par des improvisations beaucoup plus libres. L’autre où il sera proposé une recherche à partir d’un passage de L’Enfer de Dante : appréhender la profusion des pensées, des sens imprévisibles qui courent sous la peau « raisonnable » des mots… Puis les deux ateliers se fondront en un seul et le texte, petit à petit, entrera dans les improvisations.

OCTOBRE 2013 dirigé par YVES-NOËL GENOD

Casser une noix n’a vraiment rien d’un art, aussi personne n’osera rameuter un public pour casser des noix sous ses yeux afin de le distraire. Mais si quelqu’un le fait néanmoins, et qu’il parvienne à ses fins, alors c’est qu’il ne s’agit pas simplement de casser des noix. Ou bien il s’agit en effet de cela, mais nous nous apercevons que nous n’avions pas su voir qu’il s’agissait d’un art, à force de le posséder trop bien, et qu’il fallait que ce nouveau casseur de noix survienne pour nous en révéler la vraie nature — l’effet produit étant peut-être même alors plus grand si l’artiste casse un peu moins bien les noix que la majorité d’entre nous. Franz Kafka

On mettra cette citation énigmatique en résonance (puisqu’elle l’est) avec celle, célèbre, de Shakespeare : « I could be bounded in a nutshell and count myself
a king of infinite space » (Hamlet, Act 2, Scene 2).

Les places étant limitées, on tentera de privilégier les « vraies » demandes. Qu’est-ce que c’est que ça, les « vraies demandes » ? Eh bien, c’est difficile à dire… Toutes les demandes sont flatteuses. Mais il y a une erreur souvent faite pour un stage, qui me semble venir du fait qu’on y va pour y apprendre (prendre). Or quand je réunis des gens pour une audition (pour un spectacle), je constate que c’est tout à fait différent : on y vient pour y donner (parce qu’on ne fait pas un spectacle en prenant, mais bien au contraire). Les mots « donner » et « prendre » sont assez secs, mais c’est pour me faire comprendre… Essayons ensemble d’oublier un peu le charme de l’apprentissage et d’imaginer plutôt une troupe, 10 personnes, 10 jours — parce qu’après tout, dans mon cas, 10 jours suffisent pour créer un spectacle — et créons-le ! C’est une manière de raccourci. C’est ce que nous faisons sur un plateau: prendre des raccourcis. Des « wormholes », en astrophysique. En français: « trous de ver ». Tiens, « trou de ver », je dérive, c’est comme « trouvère », n’est-ce pas ? Et, trouvère, troubadour, c’est littéralement: « celui qui trouve ». Cela veut dire — c’est Pierre Guyotat qui le fait remarquer — que dans notre métier de poète, on peut certes un peu chercher, mais il faut surtout trouver !
C’est bien évidemment ouvert à tous les corps de métier — et même aux rentiers (il n’y a pas de sot métier), amateurs ou professionnels.
Yves-Noël Genod

NOVEMBRE 2012 dirigé par NICOLAS ROLLET et FRÉDÉRIC DANOS

Nous nous associons pour la première fois avec le MAC/VAL pour accueillir en résidence L’Encyclopédie de la parole, qui viendra à Vitry commencer le travail sur sa prochaine création (COLLOQUE) et proposer aux amateurs de rejoindre le temps d’un stage la Chorale de l’Encyclopédie.L’Encyclopédie de la parole est un projet collectif qui cherche à appréhender transversalement la diversité des formes orales.
Depuis septembre 2007, l’Encyclopédie de la parole collecte toutes sortes d’enregistrements et les répertorie en fonction de phénomènes particuliers de la parole : cadences, choralités, compressions, emphases, espacements, mélodies, répétitions, résidus, saturations, timbres, etc. Chacune de ces notions constitue une entrée de l’Encyclopédie, dotée d’un corpus sonore et d’une notice explicative.
À partir de ces enregistrements, l’Encyclopédie de la parole produit des pièces sonores, des spectacles, des performances, des conférences, des installations, un jeu, qui sont présentés lors d’ouvertures publiques.
L’Encyclopédie de la parole est animée par un collectif de poètes, d’acteurs, d’artistes plasticiens, de musiciens, de curateurs, de metteurs en scène, de dramaturges, de chorégraphes, de réalisateurs de radio. Son slogan est : « Nous sommes tous des experts de la parole ».
La chorale de l’Encyclopédie interprète un répertoire composé de documents issus du corpus sonore de l’Encyclopédie de la parole. Au cours du récital, la multiplication synchronique des voix met en évidence les structures formelles des extraits choisis. Se construit une parole compacte aux contours changeants, qui donne à expérimenter un format inédit : l’ensemble vocal parlé.
Ce chœur est à géométrie variable : composé des membres de l’Encyclopédie, il s’augmente à chaque apparition de dix à vingt participants occasionnels, formés au cours d’ateliers.

Colloque
Une création de l’Encyclopédie de la parole
Colloque est une pièce chorale pour 12 interprètes, composée à partir du corpus sonore de l’Encyclopédie de la parole. A la suite de Parlement, dont elle prolonge et amplifie les enjeux, Colloque met en scène un grand nombre d’enregistrements de paroles reproduits vocalement. Mais cette fois, c’est moins l’enchainement effréné des paroles que le redoublement massif des voix qui permettra de faire entendre toute la richesse et l’étrangeté des formes de paroles les plus ordinaires. En multipliant les interprètes, les langues, les modes de distribution, les jeux de composition, Colloque se propose de dresser un monument précaire et joyeux à la diversité des formes orales.

OCTOBRE 2012 dirigé par Daniel Jeanneteau et Jean-Louis Coulloc'h


Une banalité trouée d’abimes. Maurice Maeterlinck

Douze aveugles en pleine nature attendent le retour d’un prêtre qui les a guidé jusque là. Mais ce prêtre est mort parmi eux. Il est absent d’être mort. Le dénouement est donné d’emblée au spectateur voyant, à l’insu des protagonistes aveugles : ils sont perdus, ils ne le savent pas encore.
Dans ce poème visionnaire et très simple, presque immobile, la seule action réside dans la lente découverte, par un groupe disparate de personnes traversées par les mêmes sensations, de leur solitude dans un monde qu’ils ne comprennent pas, et de l’imminence de leur disparition.

Le texte est un entrelacs complexe de motifs simples, une partition précise de silences et de mots, de répétitions, de cris confus et de respirations. Il ne raconte rien, mais il produit de l’espace, du froid, du temps, un monde de visions affectant les sens.
Il appelle une mise en œuvre chorale de la parole, avec une attention particulière aux questions du son, de la spatialité des voix, des tessitures. Plus qu’une scénographie, il exige la constitution d’un véritable paysage de la voix, à travers l’expérience d’une perception de l’espace qui ne passe plus exclusivement par le visible.

Sur scène, les seuls moyens à la disposition des interprètes résident dans leur capacité d’imagination : pratiquement aucun geste, aucun déplacement, aucune interprétation. Pas de mise en scène, pas de jeu d’acteur, mais une grande force psychique, un cerveau actif et à l’affût, tirant de chaque mot, de chaque silence et du rythme commun, la faculté de produire de la réalité.

Pendant deux weekends, le stage proposera une exploration détaillée de cette œuvre courte, une approche aussi bien textuelle que sensible de la partition, dans la mise en jeu collective de ce qu’on pourrait appeler une polyphonie dramatique.
Ils sera dirigé par Daniel Jeanneteau, metteur en scène, scénographe et directeur artistique du Studio-Théâtre, et Jean-Louis Coulloc’h, comédien.

FEVRIER 2012 dirigé par THIBAUD CROISY et SOPHIE DEMEYER

À l’heure où se multiplient les « workshops » sur tous les sujets et où le marché de l’art se flatte de proposer une offre toujours plus large, il me semble urgent de ménager un espace qui oppose le vide au remplissage, le rien à la prolifération, la perte aux gains que les consommateurs culturels sont censés retirer de chaque prestation.

Ce stage invite donc des participants à aller à l’encontre des exigences de productivité par des stratégies de ralentissement, de retard, de stagnation voire même d’« inactivité ». Dans un contexte où un grand nombre d’artistes cherche à apparaître sans discontinuer et à produire le plus possible pour exister, les participants seront enjoints, au contraire, à envisager leur disparition, l’effacement de leurs gestes et la mise entre parenthèses de leur posture singulière. En ce sens, il ne leur sera pas tant demandé de « ne rien faire » que de « faire rien », c’est-à-dire d’expérimenter des actions qui se situent à la lisière du domaine de l’art et de la vie ordinaire et qui « [construisent] des intensités par soustraction » (Thierry Davila). Une démarche de ce type, fondée sur la présence, la précision et le souci du détail, implique de prendre part à des propositions confidentielles ou « fantômes », imperceptibles ou invisibles, pouvant s’inscrire en dehors de l’espace scénique et aller jusqu’à se dispenser de la présence d’un public. Dans tous les cas, il s’agira de penser l’absence de création et de développer un comportement plutôt que d’élaborer un objet – démarches évidemment politiques.

Ce stage s’articule autour de deux sessions : lors d’un premier week-end, les participants seront impliqués dans différentes expériences en lien avec la notion de « déproduction » (production sur un mode mineur), qu’ils aborderont aussi sous un angle théorique grâce à la présentation de quelques œuvres ; dans la continuité de ce premier temps, ils s’empareront d’un deuxième week-end pour concevoir une proposition qu’ils devront réaliser individuellement. Conçu comme une matrice, ce stage est amené à se configurer en fonction de l’identité et de l’engagement des participants. Pour cette raison, il est ouvert en priorité aux amateurs mais aussi aux personnes plus expérimentées qui souhaiteraient s’investir pour formuler un geste critique avec leur corps.
Thibaud Croisy

JUIN 2011 atelier d'écriture dirigé par ADELINE OLIVIER

La page serait une piste d’atterrissage, elle ne supporterait de nous que de l’inattendu, nous ne pourrions rien y poser que nous aurions décidé d’avance.
Seulement accepter que la main soit emportée par un flux de mots qui s’écrivent comme étrangers à soi, des mots qui réfléchissent sur la page ce qu’on ne soupçonnait pas, un monde en soi.
Nous appréhenderons ce monde que l’écriture ouvre, en nous déplaçant de la page au plateau le troisième jour. Chacun aura devant lui deux feuilles blanches et un feutre. Une feuille qui restera vierge et qui servira de support au regard, comme une image. Et une autre pour écrire.
Nous y jetterons en vrac les mots, les phrases qui nous passeront par la tête, ou nous y dessinerons.
Après une mise en commun de cette étape, nous déterminerons pour chacun, ce qui pourra, à partir de ces premières notes ou premiers dessins, constituer notre point de départ d’écriture.
Puis nous écrirons…
Puis nous échangerons sur ce premier temps d’écriture, nous nous lirons les uns les autres. Nous lire les uns les autres nous permettra de nous demander comment continuer.
Puis nous penserons, réfléchirons au plateau. Pour dire/jouer ce texte sur le plateau, est-ce qu’il faut en reprendre l’écriture, le réajuster, ou aménager le plateau pour ce texte écrit ainsi ?
Puis nous envisagerons le passage au plateau, texte à la main, ou selon la méthode du « texteur » (que pratique pour ses créations le metteur en scène Gildas Milin).
Enfin nous verrons comment les textes peuvent être agencés les uns les autres pour construire un « objet » final, nous séparer sur une dernière traversée.
« Pour pouvoir écrire, il faut pouvoir oublier et faire travailler l’absence » « Écrire c’est toucher, prendre contact avec la réalité intérieure »
Céline Masson, in L’écriture est un voir

PARCOURS NOCTURNE
Rien ne peut se comparer. Qu’est-ce qui n’est pas entièrement
seul avec soi, en effet, et y eut-il jamais chose à dire;
nous ne nommons rien, il nous est seulement permis d’endurer
et de nous persuader que çà et là un éclat,
çà et là un regard nous a peut-être effleurés
comme si précisément cela qui est notre vie
vivait à l’intérieur. À qui résiste,
le monde n’advient pas. Et à qui comprend trop,
l’éternel se dérobe. Parfois
dans de grandes nuits pareilles à celle-ci nous sommes comme
hors de danger, partagés en fragments égaux,
répartis en étoiles. Comme elles sont pressantes.
Rainer-Maria Rilke, in Poèmes à la nuit, éd. Verdier 1994

MARS 2011 dirigé par MARIE VAYSSIÈRE

Dans le théâtre traditionnel l’objet n’est souvent qu’un accessoire. Nous chercherons comment nous en emparer autrement, nous en amuser, le dépouiller de ses attributs traditionnels, esthétiques ou formels, immédiatement utilitaires, en le privant de ses fonctions habituellement reconnues.
A partir de quoi, l’objet n’illustre plus le contenu d’un spectacle. L’objet est là dans toute sa nudité et sa grandeur. Nous travaillerons à partir d’objets issus directement de la réalité quotidienne, pour les imaginer dans de nouvelles fonctions purement théâtrales.
Chaque participant apportera une dizaine d’objets de son choix.
Le travail prendra la forme d’une vaste improvisation collective s’inspirant d’extraits d’un texte proposé par Marie Vayssière. Elle s’appuiera sur les principes de recherche et de création de la compagnie : gravité et grande pitrerie…

Qu’elle joue ou qu’elle mette en scène, Marie Vayssière ouvre par son théâtre un rapport inédit au temps,
une sorte de « trou dans la réalité ».
Spectacle après spectacle, elle développe une démarche où le singulier (nom dont elle baptise sa compagnie), émerge du rapport très artisanal qu’elle entretient au métier. Du cousu main si l’on peut dire. Sa recherche va piocher à travers d’autres pratiques comme le clown, la marionnette, la foire… tout ce qui permet, en bref, de déplacer le trait, de le forcer même à certains moments, pour atteindre à une sorte de déséquilibre scénique ambiant. Un vertige concret, généré par le jeu des acteurs et par le traitement de l’espace qu’elle favorise. Les choses dans son travail se présentent de biais, les extrêmes se frôlent, grotesque et gravité se côtoient, énormité et grâce rivalisent. Sous cet éclairage à effet grossissant, on peut parler de tout avec légèreté. Evoquer le meilleur comme le pire, le génial et le pas reluisant.
Et Marie Vayssière ne s’en prive pas. Qu’elle amène sur scène les figures mythiques de Zarathoustra, Panurge, ou Tartarin, c’est toujours au bout du compte, pour pousser dans ses retranchements l’homme, ses grandeurs et son éternelle bêtise.
Suzanne Joubert (auteur associé du Théâtre des Bernardines. Marseille)

NOVEMBRE 2010 dirigé par MARLÈNE SALDANA et JONATHAN DRILLET

Un stage sur la Françafrique, la France à Fric et l’Afrique en France, sur l’enfouissement de l’Avenue Charles De Gaulle, sur l’enfant de Joal bercé par les rhapsodies des griots, sur les vraies valeurs, et la force de la France, qui est dans l’esprit des Lumières.
Les 6 et 7 novembre, à l’instar d’Hegel, Victor Hugo, Henri Guaino, et Nicolas Sarkozy, nous nous interrogerons sur l’Afrique : l’Art moderne lui doit-elle tout, faut-il l’aider à entrer davantage dans l’Histoire, l’Africain est-il un enfant, un paysan ou un poète? Nous organiserons une fête costumée, une soirée échangiste dans une ambassade congolaise, une soirée à thème à Neuilly-sur-Seine ou bien une soirée d’adieux au Safari Club de Kakaméga, lorsque le champagne coule à flot et qu’on danse sur Saga Africa en grignotant un peu de manioc. Nous discuterons avec Nadine Morano, Omar Bongo, Mouammar Kadhafi, Liliane Bettencourt, Jean Bedel Bokassa ou Jean-François Copé. Nous en apprendrons davantage sur le moment où, enfin, l’enfant de Joal, à genoux dans le silence de la nuit africaine, pourra lever la tête. Après avoir évoqué diverses affaires franco-africaines, allant de la vente de porte-avions à la suggestion d’autosuffisance alimentaire pour la prochaine Eurafrique, nous trinquerons aux crocodiles, avant de nous réunir, discutant d’un ordre international équilibré, autour d’une bonne fondue. Nous réfléchirons au fait que la Suisse a traversé ce siècle dernier sans guerre, et nous danserons, que ce soit sur des rythmes africains, avec la Obama Dance de DjKadhafi, ou sur des symphonies du bonheur, avec les chorégraphies de Patrick Swayze et Lisa Niemi.

Ce n’est certes pas la chronologie qui compte, mais le sens, qui si souvent n’est pas dans l’ordre.
P.P. Pasolini

Grâce à l’étude de nombreux textes et documents (journaux, magazines, interviews, enregistrements télévisés et radiophoniques, rapports de débats de l’Assemblée Nationale, du Sénat, de l’Élysée, biographies et autobiographies…), c’est donc une étourdissante plongée au cœur de l’Histoire, où palpitent pouvoir, violence, et amour, que nous vous proposons. Une épopée furieuse et démentielle mêlant philosophies politiques orientale et occidentale, oscillant entre réalisme et mysticisme, parlant aussi bien de l’Afrique que de la France, du Brésil que de la Libye, de la Suisse ou des États-Unis.

MARS 2010 dirigé par ROMAIN JARRY et LOÏC VARANGUIEN de VILLEPIN


Le temps d’un week-end, nous explorerons les poèmes d’Henri Meschonnic à la rencontre de notre propre inconnu. Le poème dans la voix, notre traversée, de Dédicaces proverbes à De monde en monde, se fera dans l’écoute sensible de la manière dont le mouvement de la parole s’organise. Dans le partage aussi, de documents sonores et de lectures de l’œuvre théorique. Puisqu’un poème transforme la vie par le langage et le langage par la vie, selon la définition d’Henri Meschonnic, peut-être alors, le bonheur de s’inventer langage vous transformera-t-il à votre tour…

Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
Il faut que le texte qui va porter le théâtre soit déjà ce qu’un corps fait au langage, le maximum de corps dans le langage. Pas écrit pour être mis en voix, non, mais lui-même une voix qui va de mot en mot, et tellement que ce n’est plus ce que le texte dit qu’on doit entendre, mais cette voix continue, la bête en nous qui a mal ou qui est en bonheur, quelle que soit l’histoire racontée.

Henri Meschonnic
Le théâtre comme voyage de la voix,
Académie expérimentale des théâtres 1990-2001.

Chaque fois qu’on donne de la voix, on se donne dans la voix. Elle est bien alors de tout le corps, sans pour autant crier. Chuchoter aussi peut être de tout le corps. La voix ne dit pas. Ce qu’on dit, on le dit, en parlant, par la voix. Mais ce n’est pas la voix qui dit, c’est vous qui dites, ou c’est moi. La voix, elle, fait. Elle fait le climat, l’humeur. Elle fait une prosodie, qui n’est pas celle du discours, mais celle du corps, et de la relation entre les corps. C’est parce qu’elle agit que la voix a une affinité avec le poème. Le poème non plus ne dit pas, en tant qu’il est poème, mais il fait. Ce que seul un poème fait.
Henri Meschonnic
Le théâtre dans la voix,
dans Penser la voix, La Licorne N°41

Je passerai ma vie à ressembler à ma voix
Henri Meschonnic
Dédicaces proverbes, Ed. Gallimard 1972.

DECEMBRE 2009 dirigé par MICHEL CERDA

publié aux Éditions L’Espace d’un instant
Un drame en 24 tableaux qui évoquent l’exercice du pouvoir en temps de guerre et d’insécurité. Les personnages anonymes XX, XY et XXY sont présentés le plus souvent dans des situations de fragilité vestimentaire, en pyjama, robe de chambre ou sous-vêtements, toujours sommés de répondre et d’obéir à des tortionnaires absents. Respire ! est une succession de scènes-expériences incongrues et/ou effrayantes, cocasses et/ou drôles, puisqu’à chaque fois les corps sont placés face à leur fin, possible ou projetée. Un théâtre de l’extrême, bien loin de nos habitudes et de nos questions, qui crée une attention toute particulière à la vie au moment où celle-là peut à chaque instant disparaitre.
Asja Srnec Todorovic est née en 1967 à Zagreb.

« Dans la Genèse, quand l’homme dit « je » pour la première fois
c’est après la faute, il a peur et il est nu. »
Marie Balmary La Divine Origine (Dieu n’a pas créé l’homme)

Respire ! Cet impératif sera le mot d’ordre du travail pendant le week-end. On a tendance à penser que la parole est souvent l’expression du pouvoir, mais lorsque le pouvoir, l’autorité, s’exercent sur les êtres, comment parler, comment répondre ? Quelle est la qualité de cette parole et quel souffle pour la dire ? La respiration est un outil de l’acteur, discrète ou très présente, elle crée du rythme et du chant, elle permet le murmure et provoque le cri et l’éclat de rire. Dans ce moment particulier d’oppression qu’est l’apnée, elle libère ce qui fait de nous des vivants, ce qui dit – « oui à la vie ».
Nous choisirons de travailler sur certaines scènes qui parlent de ce sujet et plus particulièrement les scènes collectives et chorales.

JUIN 2009 dirigé par SABRINA BALDASSARRA et BENOÎT RÉSILLOT

A partir d’extraits d’Alice, de Sylvie et Bruno et de La Chasse au Snark, nous travaillerons l’irruption d’un imaginaire, d’un univers poétique par les outils de l’acteur. Nous interrogerons la qualité de la présence, de la diction, de la tenue du corps afin de produire les signes nécessaires à l’évocation d’un monde proche du nôtre, parallèle mais plus vaste, et régit par des lois opposées à notre logique. La légèreté, l’humour et l’extravagance sont les bienvenus.
Sabrina Baldassarra et Benoît Résillot

MARS 2009 dirigé par SABRINA BALDASSARRA et BENOÎTPIERRE

« Nous travaillerons des Petites scènes amoureuses composées par Pierre Louÿs entre 1890 et 1900. Ces dialogues très brefs, écrits dans une langue crue et littéraire, exposent et développent en quelques répliques une situation, des enjeux et des personnages très caractérisés et licencieux. C’est une formidable matière pour une mise en jeu immédiate.
Nous souhaitons partager l’expérience d’un jeu à 180° expérimentée lors des représentations de notre spectacle C’est pas la même chose, joué dans les cafés notamment en novembre et décembre 2008 à Paris et à Tours. »Sabrina Baldassarra et Benoît Résillot