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Rencontre 4 : Saisir ce qui se dérobe - les enjeux de la documentation des processus de création théâtrale [19/09/18 - 22/06/19]

"Il appartient à la trace de pouvoir s’effacer, se perdre, s’oublier, se détruire. C’est sa finitude. Et c’est parce qu’il appartient à la trace d’être finie qu’il y a de l’archive, c’est-à-dire qu’on fait des efforts pour sélectionner, pour garder, pour détruire telles archives ou laisser mourir telles traces, pour laisser disparaître telles traces et garder telles autres, parce qu’on sait que les traces sont finies » {Jacques Derrida - Trace et archive, image et art - INA 2002}

« Cette 4ème Rencontre réunit des artistes et des chercheuses et propose de porter une attention particulière à la documentation des processus de fabrication d’une œuvre scénique. Constituée de traces diverses recueillies pendant les répétitions ou émanant du récit d’un ou plusieurs observateur.trice.s, la documentation dévoile les ressorts d’un travail en cours, qui ne sont pas toujours conscientisés ni commentés : les intuitions, les expérimentations, les prises de décision, les choix finaux, mais aussi les accidents, les ratés, les idées abandonnées. Les processus de documentation de la fabrique théâtrale permettent aussi de révéler la nature dynamique et collaborative de la création théâtrale qui procède à partir de la pluralité et l’hétérogénéité des points de vue, des expériences et des compétences convoquées.
Face à ces questions qui mobilisent différents champs disciplinaires (études théâtrales mais aussi études génétiques, rehearsal studies, poïétique, recherche-création, sociologie du travail créateur, anthropologie théâtrale et observation ethnologique), nous nous poserons les questions suivantes :
• Quelles sont les méthodes de documentation qui prévalent aujourd’hui, à l’heure de la multiplication des techniques d’enregistrement et de captation et de la démocratisation de ces outils ?
• Comment les processus de documentation permettent-ils de saisir le mouvement de la création théâtrale et à quel.s moment.s la documentation devient-elle génératrice et constitutive d’une co-construction de sens?
La documentation est-elle nécessaire ? Si Peggy Phelan (1993) avance que « La seule vie du théâtre [performance] est dans le présent. » et que « Le théâtre [performance] ne peut être sauvé, enregistré, documenté, ou prendre part à la circulation des représentations des représentations, sans risquer de devenir autre chose », peut-on continuer d’avancer, avec elle et d’autres théoricien.ne.s du champ des études du théâtre et de la performance que la documentation ne saurait se concevoir autrement que comme un a-côté (ou, pire, un pis-aller) du théâtre ? Comment imaginer des processus de documentation qui continuent et prolongent le mouvement même de la création, son devenir – soit, par exemple des formes de documentation qui soient elles-mêmes créatives et performatives ?
Finalement, nous nous demanderons à qui s’adresse la documentation des processus de création et à quelles fins peut-on les penser au sein du spectacle vivant aujourd’hui ?
Lors de cette journée du samedi 22 juin, les échanges autour de cette question et de ses enjeux seront partagés par les intervenant.e.s avec le public.
Ce sera aussi l'occasion d’une présentation des Cahiers du Studio par Louis Eveillard, une application numérique qui permet aux artistes accueillis.ies au Studio-Théâtre de publier les traces de leurs résidences de création ou de recherche.
Au cours de l’après-midi, nous découvrirons un enregistrement sonore et visuel du texte de Marcelline Delbecq, Page blanche.
(Chloé Déchery – document préparatoire – mai 19)

Intervenant.e.s :

  • Chloé Déchery, artiste de performance, chercheuse en arts du spectacle, Maîtresse de conférences en études théâtrales à l’Université de Paris 8, et modératrice de cette rencontre,
  • Louis Eveillard, designer, fondateur de l’Atelier des chercheurs et co-concepteur de l’application Les Cahiers du Studio,
  • Arthur Igual, comédien, il travaille notamment avec Sylvain Creuzevault, dont le processus de création s’appuie sur l’improvisation à partir de connaissances partagées,
  • Gay McAuley, chercheuse, fondatrice, en 1989, du département de Performance Studies de l’Université de Sydney, où elle a animé un programme de recherche sur les processus de création dans les arts du spectacle vivant qui applique des méthodes ethnographiques à l’étude des répétitions,
  • Jean-François Peyret, metteur en scène, a notamment fait des spectacles avec le neurobiologiste Alain Prochiantz (voir La Génisse et le pythagoricien et Variations Darwin, éd Odile Jacob) et a publié en ligne une partie de son journal de travail,
  • Julie Valero, dramaturge, enseignante-chercheuse en Arts de la scène à l’Université Grenoble Alpes, elle est l’autrice d’un essai sur les journaux personnels et carnets de création de Didier-Georges Gabily, , Jean-Luc Lagarce et Jean-François Peyret : « Le Théâtre au jour le jour »,
  • Bérangère Vantusso, metteure en scène, directrice du Studio-Théâtre et fondatrice des Cahiers du Studio.
  • Myriam Boccara, illustratrice de la rencontre

● DECOUVRIR LES TRACES DU PROCESSUS DE RECHERCHE, cliquer là > {$⬢}