Les enfants Tanner / Robert Walser
~{Hugues de la Salle - Compagnie de février~}
- OUVERTURE(S)
- DU 17 AU 20 NOVEMBRE 2017
Roman de Robert Walser
Traduction de Jean Launay (éditions Gallimard)
La voix de Walser, c’est celle d’un effronté, d’un jeune impulsif dont l’insolence ouvre des brèches dans notre monde et notre façon de le considérer. Distance du rêveur, frivolité du joueur, mais aussi lucidité et impatience du démuni : ce regard multiple est une réponse singulière à toutes les formes d’oppression, à la violence du monde, et il me paraît évident et salutaire d’éclairer notre présent avec le petit lampion allumé par Walser. A travers le désengagement et l’innocence désarmante de ses personnages, Walser raconte avec une force anarchique la difficulté de vivre, la peur exaltante de grandir, le « culot d’avoir vingt ans », la liberté qui nous manque ou nous encombre. Il nous parle des rapports de classes, il interroge la notion de subversion. Walser a écrit ce roman en quelques semaines, quasiment d’un seul jet, sans plan préalable et presque sans rature. Je rêve d’un spectacle qui possèderait cette fulgurante évidence, cette force insolite, et cette troublante impression de reconnaissance.
Me bouleversent, dans l’écriture de Walser, l’exigence intègre et l’art de l’effacement qui viennent répondre de manière frondeuse à la logique de la réussite, à la rigidité des systèmes de pensée établis, à la brutalité des rapports de pouvoir et d’argent, que nous connaissons tous et qui conditionnent cyniquement nos vies et nos relations. Walser, lui, nous dit simplement que la défaite est sublime et que l’humilité peut avoir valeur d’insurrection. Sa position dérange, parce qu’il ne fait pas le choix (pourtant si légitime) de la colère. Ni celui, si actuel, de la réussite comme objectif, de la maturité comme affirmation de soi. Sa révolte est d’une nature beaucoup plus troublante. C’est dans le vagabondage, l’inexpérience, les costumes de subalternes, que Simon trouve l’abri où faire pousser sa liberté. C’est en rasant les murs qu’il grandit, c’est en obéissant qu’il est insolent. Et c’est sur le pas d’une porte que nous le laissons à la fin du roman, réchauffé un instant sur le banc d’un foyer populaire, « couvert de dettes à l’égard du monde », mais tête haute, « débiteur heureux ». « Débiteur heureux » : incroyable profession de foi de Walser qui nous propose de réinterroger nos certitudes de créanciers, radicalité de ces mots qui, au terme de l’histoire (et à la fin du spectacle) nous projettent à nouveau dans le monde, humbles et bouleversés, chargés d’une force neuve.
Distribution
Adaptation et mise en scène : Hugues de la Salle
Scénographie, costumes, vidéo : Anne Lezervant et Camille Vallat
Création lumière: Arthur Michel
Laurène Brun : Klara Agappaia
Alain Carbonnel : Klaus Tanner
Jonas Marmy : Simon Tanner
Romaric Séguin : Kaspar Tanner
Jeanne Vimal : Hedwig Tanner
Et la voix de Marie Desgranges
Production
Compagnie de février
Coproduction
Les Compagnons de jeu
Coproduction de la reprise
Studio-Théâtre de Vitry
Avec le soutien
de la SPEDIDAM et de Lilas en Scène (accueil en résidence)
Avec la participation artistique
du Jeune Théâtre National
Spectacle créé en 2016 au Théâtre de l’Opprimé
Réservation et horaires
01 46 81 75 50 ou contact@studiotheatre.fr
à 20h sauf le dimanche 19 novembre à 16h