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La terre entre les mondes / Métie Navajo

{La Spirale - Cie Jean Boillot}

© Michael Constant

"Ce que j’aime, c’est le conte fantastique : à l’orée d’une forêt peuplée d’animaux merveilleux, il y a un village Maya où vit Cécilia ; son père appelle le dieu Chak en sifflant pour attirer la pluie sur des cultures desséchées, quand Abuella, sa grand-mère morte, hante les rêves de sa petite fille pour lui réclamer une meilleure sépulture. Plus loin, au milieu de champs de soja, il y a une communauté Mennonite qui vit à l’écart, comme au XVIème siècle, dans « la vraie foi » ; la jeune Amalia est l’une d’entre eux. À peine sorties de l’enfance, Cécilia la Maya et Amalia la Mennonite vont se lier d’amitié à la vie à la mort.
Les personnages de "La terre entre les mondes" intriguent puissamment le lecteur français que je suis : les uns sont les héritiers d’une grande civilisation aujourd’hui quasi-disparue. Les autres sont comme sortis des campagnes européennes du XVIème siècles. Elles sont toutes deux figées dans le temps : des altérités anachroniques à la fois proches et lointaines.
"

{Jean Boillot, mai 2021}

Il y a des régions tranquilles au Mexique, les plus éloignées des Etats-Unis et les plus proches de Dieu, c’est ce qu’on dit. Là, entre un village maya et les vastes plaines recouvertes de soja, qui un jour étaient forêts, au pied d’une croix qui ne porte plus de Christ, deux jeunes filles creusent un trou pour un fantôme.
La plus noire, Cecilia, est maya et vit au village avec son père qui soliloque en appelant la pluie. La plus blonde, Amalia, à peine plus jeune, appartient à une congrégation religieuse européenne qui travaille la terre et vit retranchée du monde. Elle n’a jamais vu plus loin que les plantations, elle a soif d’océans, d’arbres.
Autour d’elles, une sœur jalouse, une mère disparue, une morte qui refuse de mourir, et les dieux priés ou déchus. À travers Cecilia et Amalia, ce sont deux univers qui se regardent, eux-mêmes confrontés à l’intrusion sans état d’âme du monde technologique moderne.
Une pièce, délicate et puissante, sur la disparition (des êtres, des cultures, de l’environnement naturel), sur le monde magique des croyances, sur la force vitale de la jeunesse, et qui s’attache à faire entendre les langues parlées et leur beauté comme autant de liens vivants.

◇ Édité aux Éditions Espaces 34

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◇ Métie Navajo est lauréate de l'aide nationale à la création de textes dramatiques /ARTCENA, printemps 2021

Métie Navajo

Après des études de lettres menées jusqu'à l'agrégation, un long séjour d’un an dans les communautés indiennes du Mexique, Métie Navajo enseigne les lettres et le théâtre en banlieues parisiennes avant de se consacrer entièrement à l'écriture. Elle a publié des textes dans différentes revues, des récits longs aux croisements des genres.
Depuis septembre 2018, Métie Navajo est autrice associée au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine et a obtenu une bourse de résidence du Conseil Régional d'Ile-de-France pour son projet de création Qu'est-ce qui nous appartient ? . Elle initie une collaboration avec une compagnie mexicaine, le Collectif Makuyeika et part en résidence en décembre 2020 dans une région indienne du sud du pays où elle écrit La terre entre les mondes (Éditions Espaces 34).
Avec Gustave Akakpo et Amine Adjina, elle écrit et performe une pièce conférence intitulée De la diversité comme variable d’ajustement d’un nouveau langage théâtral non genré, multiple et unitaire, créée aux Plateaux Sauvages à Paris en décembre 2020.