La compagnie Magique Circonstancielle est l’autre nom du hasard pour les surréalistes, ou comment des éléments indépendants se retrouvent au même endroit par un étonnant concours de circonstances. J’ai choisi d’appeler la compagnie « Magique- Circonstancielle » car les imprévus, les hasards sont depuis toujours, pour moi, source de création. Il faut savoir d’abord les regarder, lorsqu’ils nous arrivent, et les écouter. Ce n’est pas tout de les remarquer, il faut s’en réjouir, et décider qu’ils ne sont pas là pour rien. De ces hasards qui n’ont jamais cessés de croiser ma route, j’en ai fait un principe de travail. Les surréalistes tentaient de les provoquer et de les sublimer en faisant des ‘’expériences’’. Ce ‘’hasard objectif’’ comme le nomme André Breton, nous permet de décrypter la vie, de se saisir des évènements inattendus, des rencontres, des signes, des coïncidences pour créer, de provoquer une physique de la poésie (Paul Eluard).
J’aime l’idée que les acteurs, mais aussi bien la costumière, l’éclairagiste, le danseur, le metteur en scène, le scénographe, le musicien, se rencontrent par un hasard heureux, qui ne serait pas totalement décidé. C’est souvent par ce qui nous échappe que l’on se révèle, et c’est souvent le point de départ des idées qui composent mon écriture. Les dérapages, les hasards m’amusent, parce qu’ils nous mettent en péril. C’est dans le déséquilibre que l’on ressent tout son poids, et s’il faut sans cesse le chercher, cet équilibre, c’est bien plus sa recherche qui m’intéresse que son résultat.
C’est le hasard sous toutes ses formes que nous essayons d’approcher : de l’écriture à partir du réel (interviews, enregistrements), au texte classique qui se retrouve sur ma table de chevet par un étonnant concours de circonstances. Heureusement qu’il y a du magique pour que nous échappent encore des secrets bien enfouis. Reste à les écrire.
Delphine Hecquet