Studio-Théâtre
de Vitry

La compagnie trois-6ix-trente s’est créée en 1999 sur les bancs de l’Université de Paris 3, avec le désir de monter des pièces du répertoire contemporain en croisant acteurs et marionnettes et de s’orienter vers un théâtre hybride, au croisement des arts plastiques et du théâtre.

Au départ trois personnes – Bérangère Vantusso, Eddy Pallaro et Anne Dupagne – ont donné le nom trois-6ix-trente – TROIS personnes ont SIX mains et TRENTE doigts.
Rapidement, le musicien Arnaud Paquotte a rejoint le trio, augmentant la scène de sa présence en live.

La première pièce créée a été Le Dieu Bonheur de Heiner Müller.

2000-2005

La compagnie est assez vite repérée dans le milieu de la marionnette contemporaine qui militait activement à travers son association Themaa pour favoriser les rencontres entre auteurs contemporains et marionnettistes. En 2000, elle participe aux Rencontres Nationales de la Marionnette organisées conjointement par Themaa et La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon.
Suite à ces Rencontres, la compagnie passe commande d’un texte à Jean Cagnard et Christian Caro et crée Sur une chaise renversée (2002).
En 2004, Bérangère Vantusso crée un autoportrait en marionnette, intitulé Va où -ce qui m’arrive à tout le monde, inspiré du recueil de poèmes de Valérie Rouzeau. Cette création est restée un mois à l’affiche de La Maison de la Poésie à Paris et a largement contribué au rayonnement de la compagnie.

2006-2016

En 2006 c’est le désir de monter un texte de Jon Fosse intitulé Kant (dont le personnage principal est un garçon de 8 ans), qui ouvre sans le savoir un champ d’exploration qui durera 10 ans. Le travail dramaturgique sur ce texte était en cours au moment où la Fondation Cartier consacrait une rétrospective à l’œuvre du sculpteur Ron Mueck. L’évidence est apparue de créer une marionnette de garçon qui aurait vraiment l’air d’être un garçon.
C’est de manière très empirique, avec la complicité et le talent de Marguerite Bordat que la compagnie recentre dès lors son identité sur l’hyperréalisme (tombé en désuétude au début du XX° siècle) comme source de renouvellement du lien entre le théâtre et la marionnette contemporaine, entre l’acteur et la poupée.
L’équipe s’agrandit et se structure. La collaboration avec Marguerite Bordat se poursuit ; d’étranges personnages voient le jour au fil des créations, dont la présence singulière (au seuil du vivant et du mort) trouble la perception du réel et ouvre un espace de jeu théâtral inédit. 
Le « cycle hyperréaliste » dure 10 ans et englobe 7 créations : Kant de Jon Fosse, Les Aveugles de Maeterlinck, L’herbe folle d’Eddy Pallaro, Violet de Jon Fosse, Le rêve d’Anna d’Eddy Pallaro et L’institut Benjamenta d’après Robert Walser (créé au 70ème Festival d’Avignon).
En tout, c’est une troupe de 40 marionnettes hyperréalistes qui a peuplé les spectacles de la compagnie.

En 2015, Bérangère Vantusso est lauréate du programme Hors les murs de l’Institut Français et part deux mois au Japon à la rencontre des maîtres du théâtre de Bunraku.
Elle en revient en ayant notamment découvert le kamishibai, un art du conte qui se joue dans la rue et s’appuie sur de grandes images peintes et manipulées au gré du récit. C’est ce dispositif scénique qui sera le point de départ de la création de Longueur d’ondes – histoire d’une radio libre (voir plus bas).

En 2016, Eloi Recoing, alors directeur de l’Institut International de la Marionnette, invite Bérangère Vantusso à mettre en scène les élèves de la 10° promotion de l’ESNAM dans leur spectacle de sortie. Elle crée avec eux, Le cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht.

Ce spectacle opère comme une charnière entre la fin du travail sur l’hyperréalisme et la suite de la recherche de la compagnie qui s’appuie toujours sur les ressources du jeu avec marionnettes pour questionner des formes théâtrales affranchies de tout naturalisme qui s’appuie de plus en plus sur l’imaginaire du spectateur comme moteur et lien de l’écriture scénique.

2017-2021

En janvier 2017 Bérangère Vantusso est nommée directrice artistique du Studio-Théâtre de Vitry. Elle y est toujours en poste et développe un projet centré sur la création, la recherche et l’expérimentation pour le spectacle vivant.
La création de Longueur d’ondes – histoire d’une radio libre (2018) marque le début de la collaboration avec le peintre Paul Cox. Ensemble, ils entament un travail théâtral où le trio acteurs, texte et images peintes trouve un équilibre entre formalisme et émotion, au service d’un récit historique, celui de la lutte des ouvriers sidérurgistes de Longwy en 1979.
C’est au Studio-Théâtre que Bérangère Vantusso rencontre Mariette Navarro. La lecture de son texte Alors Carcasse – récit épique sur l’immobilité - vient toucher le désir de renouer avec l’écriture poétique et de ramener la marionnette à sa plus simple expression, celle d’un bout de bois.
A l’occasion de cette création, de nouvelles collaborations se tissent, les actrices Sophie Rodrigues, Stéphanie Pasquet et Fany Mary rejoignent la compagnie, ainsi que Géraldine Foucault pour le son et Florent Jacob pour les lumières.
Drôle de destin pour un personnage qui se tient immobile au seuil de son époque, Alors Carcasse a été coupé dans son élan par le confinement en mars 2020, une reprise est programmée les 13 et 14 octobre 2021 au Théâtre de la Vignette à Montpellier.

Après avoir oscillé entre l’inertie inquiétante et la mobilité stupéfiante des marionnettes hyperréalistes, le désir de création tend de plus en plus à déjouer nos catégories fondamentales d’appréhension de la représentation théâtrale en assumant un certain formalisme et une abstraction. En travaillant les vides plutôt que les pleins.

En septembre 20, Gildas Milin, auteur et metteur en scène, directeur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier, propose à Bérangère Vantusso de mettre en scène la promotion 2020 dans l’un de leur spectacle de sortie. C’est la première fois qu’une classe d’acteur.euse.s « sort » avec un spectacle de marionnette. Il s’agit d’un texte de Charles Pennequin – modestement intitulé Comprendre la vie. Vaste projet au sortir de l’école… Dans ce spectacle jubilatoire aux airs novariniens, les mots, les corps, le décor, les marionnettes, tout est manipulation.

Nous arrivons à l’actualité de la compagnie : la collaboration avec la compagnie de L’Oiseau-Mouche pour la création de Bouger les lignes – histoires de cartes. Une pièce destinée au jeune public (à partir de 10 ans) écrite par Nicolas Doutey, pour laquelle la collaboration entre Paul Cox et Bérangère Vantusso se poursuit. Elle sera programmée du 6 au 9 juillet 2021 à la 75eme édition du Festival d’Avignon à la Chapelle des Pénitents Blancs.