STAGE N°9 - ÉRIC DIDRY
Atelier récit
- LE SAMEDI 7 NOVEMBRE 2020 DE 10H À 18H
- LE DIMANCHE 8 NOVEMBRE 2020 DE 10H À 18H
Stage dirigé par le metteur en scène Éric Didry en lien avec la nouvelle création de François Tizon, Street Life de Jospeph Mitchell
Joseph Mitchell a consacré la trentaine d'années de sa carrière de journaliste à écouter des personnes se souvenir et à en restituer les histoires. Les stories qu'il écrivait pour le New Yorker sont tissées par ces paroles. Ce sont elles qui font portrait, qui témoignent de la réalité comme elle est vécue. Le travail sur les récits que propose Eric Didry est animé par une même intention, par une confiance semblable au déroulement des choses et à ce qui s'est passé. En travaillant en direct sur leur mémoire les participant·e·s à l'atelier seront invité·e·s à inventer une sorte de journalisme de soi-même.
◆ François Tizon ◆
« Faire d’un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire »
Gilles Deleuze, Dialogues avec Claire Parnet, 1977
« Il y a dans le vécu quelque chose d’immense, qui demande à être questionné sans cesse », écrit Annie Ernaux dans Le vrai lieu. Que fait-on de nos expériences passées ? Est-ce qu’on les considère ? Quelle est mon expérience du mensonge ? De la joie ? De la peur ? De la première fois ? A l’origine de ce travail, où je demande aux acteur.trices de se laisser traverser à nouveau par des événements qui leur sont arrivés et de les inscrire dans une histoire, il y a le désir de renouer avec la force des récits. J’ai toujours été intéressé à la fois par la manière de raconter et par la place donnée à ceux.celles qui écoutent les récits.
Nous racontons peu nos expériences. Walter Benjamin affirme dans Le conteur : « C’est comme si nous avions été privés d’une faculté qui nous semblait inaliénable, la plus assurée entre toutes : la faculté d’échanger des expériences. L’une des raisons de ce phénomène saute aux yeux : le cours de l’expérience a chuté ». L’échange d’expériences est une dimension essentielle de notre rapport au monde, à nous-mêmes et aux autres. Il y a de la connaissance dans l’expérience sensible, une connaissance qui passe aussi par l’émotion.
J’ai cherché à développer une manière de raconter, liée au théâtre. Je m’appuie sur un mode d’écriture qui passe par l’improvisation. Avec le présent de la parole - qui s’invente sur le moment -, le récit se constitue devant nous, l’histoire est en train de se produire. Il n’y a pas simplement ce qui est arrivé mais aussi ce que l’acteur.trice a ressenti, pensé, imaginé. Toutes les dimensions de la mémoire sont convoquées. Dans cette forme de récit, on est comme à l’intérieur de la personne qui raconte.
L’ acteur.trice n’est pas là pour montrer mais pour voir. Le corps retraverse physiquement les histoires, figure les situations. C’est le corps et la parole ensemble qui permettent de produire des images chez le.la spectateur.trice. Les acteur.trices se transforment au cours de leurs récits ou d’un récit à l’autre. Plusieurs âges de la vie passent sur le plateau chez une même personne.
Guy Debord a écrit dans La société du spectacle : « Tout ce qui est directement vécu s’est éloigné dans une représentation ». Comment, au contraire, s’approcher de ce qui est directement vécu ? Est-ce que justement le théâtre, lieu d’une parole libre, peut permettre cette proximité ? Dans le travail des récits, il ne s’agit pas de parler de soi ni de raconter sa vie. Ce qui a lieu, c’est une réappropriation et une transmission de nos expériences. C’est une affirmation de la richesse de celles-ci. Chaque récit est « une expédition vers le vrai », expression que Franz Kafka utilise à propos de l’écriture. Chaque récit est singulier par sa matière et par sa construction.
Le théâtre est un formidable espace pour révéler les expériences. La diversité des histoires et des personnes crée une communauté vivante, ancrée dans son temps.
◆ Éric Didry ◆
Éric Didry
Il se forme auprès de Claude Régy. À partir de 1993 iI cherche à élargir le champ théâtral en créant de nouvelles dramaturgies. Il créé Boltanski/Interview d’après l’émission de France Culture « Le bon plaisir de Christian Boltanski par Jean Daive » puis Récits/Reconstitutions, spectacle de récits, au Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis en 1998.
En 2003, il met en scène un récit de Erri de Luca Non ora, non qui/ Pas maintenant, pas ici. Il poursuit son travail sur les récits avec Compositions, sortie de résidence à Ramdam en 2009.
Il met en scène plusieurs projets avec Nicolas Bouchaud : La loi du marcheur (entretien avec Serge Daney) en 2010, Un métier idéal de John Berger en 2013, Le Méridien de Paul Celan en 2015 et Maîtres Anciens de Thomas Bernhard en 2017.
Il crée en 2012 Qui vive, un spectacle conçu avec le magicien Thierry Collet qu’il retrouve pour Dans la peau d’un magicien en 2017.
Il collabore avec d’autres artistes comme les chorégraphes Sylvain Prunenec et Loïc Touzé, le concepteur son Manuel Coursin, le poète sonore Anne-James Chaton, l’acteur-metteur en scène Simon Gauchet.
La pédagogie tient une place importante dans son travail. Il anime régulièrement des ateliers récits, notamment à l’École du Théâtre National de Bretagne, à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier, à l’ESAD de Paris, à l’ École du Jeu, au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, au Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne. Il a proposé des ateliers récits à l’étranger, à Buenos Aires en Argentine et à Santiago du Chili.
Inscriptions avant le 06/03/2020
Les stages sont gratuits et ont lieu au Studio-Théâtre de Vitry.
Il est indispensable de s'y inscrire car ils sont limités à quatorze participant.e.s.
Afin d'y participer, merci d'envoyer quelques lignes de motivation, vos coordonnées et votre parcours à contact@studiotheatre.fr
RÉPONSE LE 09/03/2020